Gilles Lartigot
TRAHISON ETHIQUE DE NOS ELUS ?
Vendredi, 23 décembre 2016

TRAHISON ETHIQUE DE NOS ELUS ?

Après 6 mois d'enquêtes parlementaires, il n'y aura pas de vidéosurveillance dans les abattoirs

6 mois d’auditions et de débats pour rien. Voilà comment résumer la commission d’enquête parlementaire sur les conditions d’abattages des animaux de boucherie. Alors que les vidéos prises en caméra cachée par l’association de protection animale L214 avaient pétrifié les Français, les députés se sont réunis de mars à septembre pour élaborer une proposition de loi… Elle a finalement été vidée de sa substance avant d’être votée par la Commission. 

La montagne a accouché d’une souris. Après les images choquantes prises dans des abattoirs français, il fallait donner un signe pour ne pas dégoûter les consommateurs de viande, surtout dans un contexte de crise du secteur agricole. Une commission d’enquête parlementaire a donc vu le jour en mars dernier, présidée par le socialiste Olivier Falorni. Mais le sort des animaux n’est décidément pas la préoccupation principale des députés. Le point essentiel contenu dans la proposition de loi prévoyait en effet l’installation de caméras de surveillance sur les postes d’abattage. Cette disposition a fait l’objet de plusieurs amendements. D’une part, plusieurs députés considéraient que les caméras ne pouvaient en rien règler le problème de la maltraitance puisqu’elles n’auraient finalement constitué qu’une preuve du délit, et qu’il fallait se concentrer sur les mesures à prendre en amont.

Pourtant, les images auraient sans doute un effet dissuasif. A plus fortes raisons si, contrairement à la situation actuelle, les employés pris en faute, s’adonnant à des actes évidents de maltraitance ou de négligence, étaient inquiétés pour ces actes. D’ailleurs, ironie de la situation, les députés se sont accordés pour qualifier de délit les actes de cruauté commis sur les animaux d’abattoirs… Une disposition dont l’utilité n’aurait existé qu’avec l’installation de ces caméras, car comment les confondre en justice un employé si aucune image ne prouve les faits reprochés, et ce, dans un contexte où règne une loi du silence inviolable ? C’était donc justement l’intérêt des caméras de surveillance. Même si elles ne permettaient pas d’éviter la maltraitance, elles permettaient de les condamner et donc, de fait, de prévenir les suivantes.

D’autres députés se sont insurgés sur le caractère liberticide de ces caméras, qui “espionneraient” les employés. Pourtant, ceux-ci auraient connaissance de l’installation… Les élus ont également craint que les images, à disposition de la direction des abattoirs, permettent surtout de mettre le pression sur les employés dont le rendement ne serait pas suffisant. La CNIL, la Commission Nationale de l’Information et des Libertés, avait d’ailleurs émis un avis plutôt défavorable sur cette proposition, en toute logique. Pourtant la CNIL ne semble pas s’insurger lorsque les employés des fabriques de billets de banque sont filmés en permanence pour s’assurer qu’aucun ne vole de l’argent public ou la monnaie de singe servant à rémunérer les députés pour participer à des commissions infertiles ? Cette fois, le jeu en vaut la chandelle ! Les animaux, non.

Le renoncement aux caméras de surveillance est donc bel et bien une décision politique et non éthique… Le rapporteur de la loi, Olivier Falorni, s’est dit déçu de la proposition retenue après la commission d’enquête. Pour lui, la loi a été vidée de sa substance, presque massacrée. Il n’a d’ailleurs pas voté le texte et compte reproposer l’installation des caméras dès janvier, lorsque la loi passera devant les députés...

L'intégralité du sujet de Floriane Jeannin à voir sur TV LIBERTÉ 

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